Longtemps j'ai cru parvenir un jour à l'âge où j'enlèverai la dernière peau. Et chemin faisant, chaque fois que je défaisais un noeud de plus, le linge tombait à terre pour découvrir d'autres oripeaux. A la peur d'avoir sans cesse à lutter contre la honte de montrer ce bout de moi s'ajoutait ce sentiment implacable de n'être pas encore arrivée à l'essentiel, au coeur.
Cependant l'âge assagit ma combativité en me faisant comprendre la joie d'avoir toujours et encore un espace à découvrir, à partager.

J'allais ainsi plus légère à chaque fois, plus dépouillée, plus heureuse. D'une quête effrénée vers l'absolu, le quotidien s'est mué en plaisir d'un chemin simple. Accepter simplement avec humilité l'infini voyage vers le rien et me trouver comblée du tout que j'y découvrais.

C'est avec rare occasion mais chaque fois pleine de certitude que j'observais le même phénomène chez des êtres chers, ou chez des âmes dont l'essence m'était proche. Chacun travaillait donc à se délester sans cesse et les mailles qui autrefois nous faisaient tant d'effet laissaient place à plus de vérité tranchante et pure, avec laquelle nous ne pouvions pas tricher mais seulement rendre grâce pour nous aider à renforcer le lien qui nous unissait déjà.

La finitude qui nous caractérisait était donc une bénédiction.
Le jour était simple et fluide.


                             Yves Klein   La grande Anthropométrie bleue 

Commentaires

  1. La lecture de tes mots appelle un silence que je romps juste une fois pour te dire que tu es lue et que tu bouleverses souvent.

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