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Affichage des articles du 2019
Soeurs d'âme, soeurs amantes, Que j'aime des mots ou du ventre Dites enfin ce qui enfante La honte tatouée jusqu'au sang L'éternel silence qui étouffe les vivants; Soeurs d'armes, l'amour aux dents Un langage pur révèle l'essence D'un monde ancien dont le sens Pivote enfin vers la clarté juste Celle qui libère, va droit au but. Fils invisibles qui entremêlent Des histoires, toujours les mêmes Fils solidaires et qui détachent De la peur de passer pour lâche. Il y a bien d'autres voiles à soulever Il y a bien des montagnes à gravir. Bouche entrouverte et regard fier Posant les mots d'une nouvelle ère, Embrassant des territoires nouveaux. Soeurs-prières, seule la parole Génère la renaissance. A l'aube d'un temps nouveau, Déposez ensemble le fardeau. Au commencement était le Verbe, la première lettre ouvre la voie.x Marion Dorval juillet 2019 - 4 nov. 2019
nos bordures sont-elles étanches? je me tiens en lisière du monde à l’orée des bruits     
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Les vivants et les morts Côte à côte Les vivants au-dessus des morts Leur ciel zingué Pertes et profits D'une destinée ironique Habiter sa mort Juste à côté de sa rue Sur la colline Un monticule de plus Les restes dorés au soleil Sous le pont la fraîcheur Des allées vertes Les parois irisées Laissent passer les âmes En vadrouille à Pigalle. Rue Caulaincourt
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Contaminé par l'étincelle Scories en pagaille Qui dévalent tête pieds Lave lave encore Des couches basaltes Des rives désertes Un creux pour l'âtre Encore subsiste Rien est suffisant Pour ranimer le feu Ton oeil dansant Un accent bleu L'air consume Tout ton souffle Comme la promesse D'une ardeur inextinguible Tu nourris l'âtre Refais les feux  D'hier, quand l'autre Amenait l'art Quand deux - silex contre silex - donnait à voir l'arrêt sur image L'incannaissance d'un savoir amoureux
pour ADL Soyons silencieux Soyons silencieux Car là tonnent trop D’étourdissements Insensés, dérivés Gardons à part La flamme vive Pour qu’elle s’élève Au-delà de la rive Sans retomber Dans l’eau saumâtre Des platitudes Gardons l’audace De l’altitude Les mots transis Des autres, que tu dis, Que tu vénères Quand tu t’énerves J’assiste muette A l’incendie Tu ne me dis rien A moi Tu crains Ce qui est vain Tu feins De connaître la fin Soyons silencieux Pour que ton âme gronde Soyons silencieux Dans le brasier qu’inonde Ton regard persistant Inéluctable présent Porteur des mots Reçus par mon cœur Crépitent mots Que j’aime voir Sur les détours De ton regard Flambent aveux Inouïs Déraisonnables Brûlants d’envie. janvier 2019
Pointe des pieds Pointe lacérant Pointe des pieds Tant et tant et tant De pas traînés ici et là Pieds usés bosselés las Porter le ciel Sur mes frêles Epaules vieilles D’illusions perdues Tu arrives, tu t’arrimes Pourquoi mon port ? Chavire, noyé mon sort De condamnée Défaillante à vivre Tu me contamines D’une fièvre ardente Mes yeux jaunes Soudain clairs Comme les tiens Cherchent à percer Tous les mystères Essaimer le feu Disperser l’eau Ah je ris Il restait Un brasier Tu l’as trouvé. mai 2019
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  pour  A. Quelque part dans le monde un éclat débarque en moins d'une seconde voilà qu'il te frappe les journées ordinaires mutent en épopées te voilà en guerre sans manier l'épée le tribut sera lourd pour un coeur léger plus la peine que tu coures tout aura changé incendié par la grâce tu te vois dévasté si les raisons t'échappent le temps saura révéler ce que les creux abritent et livrent en abondance l'éclat devient vérité chaque seconde une chance d'exposer à la lumière la transmutation des images de naguère en prémices d'une vérité douce éclatante et sans peur qui éblouit déjà Germaine RICHIER   DON QUICHOTTE A L'AILE DE MOULIN, 1949
Não sei quantas almas tenho Não sei quantas almas tenho. Cada momento mudei. Continuamente me estranho. Nunca me vi nem acabei. De tanto ser, só tenho alma. Quem tem alma não tem calma. Quem vê é só o que vê, Quem sente não é quem é, Atento ao que sou e vejo, Torno-me eles e não eu. Cada meu sonho ou desejo É do que nasce e não meu. Sou minha própria paisagem; Assisto à minha passagem, Diverso, móbil e só, Não sei sentir-me onde estou. Por isso, alheio, vou lendo Como páginas, meu ser. O que segue não prevendo, O que passou a esquecer. Noto à margem do que li O que julguei que senti. Releio e digo: “Fui eu?” Deus sabe, porque o escreveu. PESSOA
En cette vie, où je suis mon sommeil, Je ne suis pas mon sommet, Qui je suis est qui je m’ignore et vit A travers cette brume que vraiment je suis, Toutes les vies que j’aie eues autrefois, Dans une seule vie. Je suis mer; clapotis faible, rugissement vers les hauteurs, Mais ma couleur provient de mon ciel élevé, Et je ne me rencontre que lorsque de moi je fuis. Qui donc guidait mes pas de jeune enfant sinon L’âme véritable qui se trouvait en moi? Attachée par les bras du corps, Elle ne pouvait être plus. Mais, sans nul doute, un geste, un regard, un oubli Aussi, aux yeux de qui aurait bien regardé La Présence Réelle sous le déguisement De mon âme présente ici sans y prétendre. Fernando Pessoa , extrait de L’ultime sortilège, in « Il n’y a pas de mort », poèmes ésotériques. (1913-1934)
Canção  No desequilíbrio dos mares, as proas giram sozinhas… Numa das naves que afundaram é que certamente tu vinhas. Eu te esperei todos os séculos sem desespero e sem desgosto, e morri de infinitas mortes guardando sempre o mesmo rosto Quando as ondas te carregaram meu olhos, entre águas e areias, cegaram como os das estátuas, a tudo quanto existe alheias. Minhas mãos pararam sobre o ar e endureceram junto ao vento, e perderam a cor que tinham e a lembrança do movimento. E o sorriso que eu te levava desprendeu-se e caiu de mim: e só talvez ele ainda viva dentro destas águas sem fim. Cecilia Meireles
J'ai vu de lasses insomnies Errer en masse par ici La froideur les a ravivées En traces givrées Trois, il en était ainsi Du chiffre défini Comme ne pouvant être l'unité Jamais la paire non plus Toujours un intrus Trois, un air de trop J'étais pas loin pourtant Je délasse et je délaisse La mélancolie qui m'oppresse Y'avait une autre trame au fond Dans le lit de la rivière Ophélie en bord de mer Perdue et sans aucun repère La terre qui déboule dans le flot Les rugissants comme un écho Traverser ce serait déjà l'arrivée Immensément fortunée, pas foutue d'espérer Le sel avait dilué l'amer Je suis revenue de mes transes parmi les bouées
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 6 avril 2018 Je crois que je connais quelqu'un. Pour de vrai.  C'est très bizarre, et je ne sais absolument pas comment l'expliquer. C'est sans doute ce phénomène rare qui fait que tu te sens sur la même longueur d'ondes qu'une personne en moins de temps qu'il ne faut pour le dire; et sans rien dire ou presque justement, l'essentiel est saisi. Je me sens désarmée et par conséquent, les phrases toutes faites n'ont absolument plus aucun intérêt. Je ne m'explique pas comment quelqu'un peut à ce point me ressembler ou me deviner, et réciproquement.  C'est comme si on était déjà au centre, les couches extérieures, les pelures d'oignon, sont déjà parties sans avoir à rien faire.  Que dire dans ces cas-là? Man Ray
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L'aurore n'est pas si loin Et le vide que tu crains N'est que l'espace créé en toi Pour faire grandir ce en quoi tu crois Ta noirceur est aussi profonde Que la lumière qu'elle révèle Les larmes qui t'inondent Ne seront jamais de celles Qui t'empêcheront de refaire Jour après jour, un peu plus fort Les forces menant vers le clair Matin, jour neuf porteur d'encores Les pas et les heures entre eux et toi Ne peuvent rien faire contre tout Ce qui se tisse depuis longtemps Et réunit au fil des jours l'essentiel Celui que tu portes sans le savoir Celui qui te fait reconnaître Par des âmes pareilles à la tienne À demi-mots elles te comprennent L'ombre que tu noies est l'envers De la lueur qui les attire Vois-les comme ils te voient Reflet de leurs âmes que tu sais lire Etre seul c'est ne rien sentir Regarde comme tu sais appartenir Aux pensées de quelqu'un, même loin
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Gris tu m’enrobes Je malaxe quelques grains Il ne va rien arriver Si je continue il ne va rien arriver Belle angoisse qui m’étreint Bleu chagrin coutumier Je compte un à un Les pas qui me séparent Du saut ultime Qui a peur d’éclabousser En plongeant de dix mètres De haut Sous ces auspices Et même si tempête il y a Plonger est nécessaire Qui sait si l’écume rejetée Ne sera pas juste de la rosée Salvatrice de tous côtés Qui sait si moi-même Je n’ai pas attrapé le désir De sauter dans l’eau profonde Grâce à d’autres éclats jaillis D’ailleurs et qui m’ont inondée Désirs contagieux et rêves similaires Peurs qu’on croit solitaires Il est une vague pour chacun Il est une vague que je parcours enfin Le doigt sur la trace laissée au fusain Souffle expirant sur le vélin Va le signe, va encore Placer tes courbes lucides Sur le papier couché pour toi Je m’y trempe, encre délavée Certaine de revenir des abysses