Je saurai dire la trace parce que j'ai tout saisi. 

Il est en toi un écho qui me rappelle combien je brûle aussi, petite flamme obstinée dans les vents contraires. Ta parole ramène sur mes lèvres des dits trop souvent tus. J'ai vu virevoltante ton âme rejoindre mille et mille fois la lumière, à chaque instant défiant la pesanteur du temps qui passe. Tu ne le sais pas encore et pourtant quelque part le sceau est déjà posé, il y aura une bribe dont tu t'empareras, que tu sauras faire tienne. 
On voudrait que nos mots nous appartiennent; je te donne déjà les miens. Tu sauras les porter, car ton nom t'y prédestine et que tu sais déployer la force des lignes de toutes sortes de façons. Il y a ceux qui cheminent et ceux qui chantent. Tu sais faire les deux, voilà pourquoi j'ai jeté mon sort sur toi. A tout le moins, les mots perçus sauront distiller l'effet escompté, si je suis déçue j'aurai au moins laissé partir ce qui demandait à s'évader de moi. 
Qui suis-je pour t'imposer ma loi - ma voix? Mon existence t'indiffère encore aujourd'hui, demain qui sait si tu me lis, peut-être que tu prendras le train en marche, ou plutôt c'est moi qui le ferai. J'ai hâte de voyages qui me rapprocheront de ça: la superposition entre ma page et ta parole. Ce que j'imagine n'a au fond aucune importance; il suffit de laisser aller ce que je pense, le poser, l'envoyer au loin. J'ai peur du boomerang tout autant que j'espère son retour. Est-ce que ce sera long, est-ce que ce sera vain?
Si c'est un don, pourquoi attendre une réplique? Aussitôt extraits les signes ne m'appartiennent plus, pas plus que les notes. Je distille, tu filtres. L'essentiel devrait être récupéré en bonne et due forme... j'aime ton sérieux et ta fantaisie, le protocole a de bonnes chances d'être suivi. 

La missive est en cours d'élaboration... j'y travaille, crois-moi je reste de faction jusqu'à finaliser le tout. Encore un fil lancé au loin, qui sait si finalement les distances n'auront plus lieu quand tu l'auras en main? 

Moi aussi je répète, j'apprends les mots par coeur. Il reste de la place pour ce que tu voudras. Je te prie de croire que cette missive est pour toi, qu'elle n'est pas l'énième tentative balancée dans un univers parallèle au mien, ni une bouteille à la mer sans destinataire précis. J'esquive trop pour ne pas choisir avec soin les récipiendaires de mes notes.

Tu trouveras bientôt le contenu, je sais d'avance ton attention, ton indulgence, ta retenue tout autant que tes élans sincères; s'il t'en dit, je suis joignable par ici.
Sur ce, je retourne à ma table - au fond c'est drôle, nous faisons la même chose en des lieux différents.

Bien à toi.


Botticelli   L'Annonciation du Cestello

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